Cette expression vous paraîtra très familière mais il s’agit bien de cela.
Tout d’abord, je ne connais personne pour qui l’annonce du diagnostic n’a
pas provoqué un choc et j’irai même plus loin : je me demande si cette
annonce ne peut pas être la cause d’une poussée.
J’ai tellement souvent entendu parler de la relation choc psychologique et
sclérose en plaques...
Parfois et même souvent, plusieurs années passent avant de réaliser vraiment que cette maladie transforme la vie. J’ai souvent entendu "tout s’est écroulé", "cela m’a coupé les jambes", je parle toujours de l’annonce.
Alors reconstruire, adapter, transformer, modifier, mais surtout essayer de
sentir venir les limites de la fatigue. Il est bien évident que tout cela
demande du temps.
Trouver un nouveau rythme. Il est important d’avoir une ou plusieurs
activités qui apportent bien-être, détente, satisfaction.
Se déculpabiliser, se valoriser, aller vers les autres, aider une autre personne atteinte également de SEP, par des infos, des astuces et des paroles de réconfort, sortir de
l’isolement dans lequel la maladie nous a plongés.
Personnellement, j’ai été sauvée lorsque je me suis enfin prise par la main
pour avancer et sortir du tunnel, lorsque j’ai osé pousser la porte d’une
association et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de l’APF.
J’ai rejoint le groupe SEP. C’est avec ce groupe que j’ai découvert la pratique du yoga,
celui-ci est adapté puisque le prof est atteint également de SEP. Sentir son
corps exister autrement que dans la souffrance, s’apercevoir qu’il est
possible de calmer les colères et les angoisses, trouver la calme et la paix.
Je participe également aux réunions mensuelles du groupe de convivialité
au cours desquelles nous nous retrouvons entre 15 à 30 personnes et
recevons soit un médecin un ergothérapeute, des psychologues etc...
Ces réunions sont toujours très conviviales. Puis une fois par mois je participe
avec plaisir et soulagement aux réunions du groupe de parole, autour d’une
psychologue nous pouvons parler de soi-même et de son ressenti en toute
confidentialité. Des réunions dont j’aurais du mal à me passer.
Également pour mon plaisir, je participe à l’activité danse, mais si, il n’y pas
d’erreur dans l’énoncé la prof a suivi une formation pour enseigner la danse
aux personnes handicapées.
Je n’oublierai pas l’atelier poésie auquel je participe aussi chaque mois, il se trouve que je me suis découvert un talent qui était caché au plus profond de moi.
L’écriture est pour moi comme une thérapie, un échappatoir.
La délégation publie tous les trimestres un journal dans lequel j’écris un ou plusieurs articles. Un jour, une amie m’a dit "en quelque sorte, tu as refait ta vie". J’avoue qu’elle n’a pas tout a fait tort puisque avec toutes ses activités, tout en prenant du temps pour me reposer, j’ai un emploi du temps bien rempli.
En conclusion, je dirais que pour vivre avec cette maladie évolutive, invalidante et sournoise, il est important de sortir de l’isolement, garder le contact avec le plus de personnes possible et essayer de participer à une ou plusieurs activités et tenter de se dire : oui, c’est vrai, je ne peux plus faire ce que j’avais l’habitude de faire si facilement avant, mais qu’il est agréable de faire cette autre chose maintenant que je n’aurais jamais penser aborder, justement, avant.
Jocelyne Dessajan
APF Ecoute Infos